La vente des droits de télévision est la principale source de revenus pour les organisations de football dans le monde entier, mais elle revêt une importance particulière en Afrique. Pourtant, la Confédération africaine de football (Caf) ne cesse de faire la une des journaux pour avoir renvoyé ses diffuseurs partenaires. Elle risque des poursuites judiciaires pour avoir récemment résilié un contrat de 415 millions de dollars avec la société qatarie beIN Sports, le deuxième contrat de télévision en quatre ans que l'instance dirigeante du football africain a unilatéralement annulé. Nous avons demandé à Chuka Onwumechili, expert en communication sportive et médias, de nous expliquer les raisons de cette décision et son impact.
Quelle est l'importance des droits de télévision pour le football africain?
Les droits de télévision sont particulièrement importants car les autres recettes commerciales, telles que les parrainages et le merchandising, sont plus limitées en Afrique.
L'accès à ces contrats de diffusion fournit des fonds essentiels qui permettent de contribuer à développer et à soutenir le football africain à différents niveaux, y compris l'administration et le financement des associations nationales et des joueurs.
En outre, sans ces accords de diffusion, les téléspecteurs du monde entier qui connaissent bien les grandes stars africaines qui jouent en Europe ne peuvent pas voir ces joueurs jouer pour leur pays d'origine.
Quel était le contrat avec beIN ?
Le contrat a été signé en 2017 et devait durer 12 ans, jusqu'en 2028. Il permettait à trois compétitions de la Caf - la Coupe d'Afrique des Nations (Can), la Ligue des champions de la Caf et la Coupe de la Confédération de la Caf - d'être diffusées en direct dans 40 pays à travers le monde, y compris le Moyen-Orient, l'Europe et les États-Unis.
La relation entre la Caf et beIN Sports a débuté en 2009. BeIN est devenu le partenaire principal de la Caf après le désaccord de la Caf avec Lagardère Sports and Entertainment en 2019 et la résiliation de ce contrat. La Caf a maintenant résilié le contrat avec BeIN également.
La Caf se retrouve donc potentiellement sans partenaire de diffusion sur des marchés clés. Ce blakc-out médiatique devrait se produire quelques mois avant la Can, le tournoi phare de la Caf, qui devrait être accueilli par la Côte d'Ivoire en janvier 2024. Des matches de qualification pour la Coupe du monde et des compétitions continentales de clubs sont également prévus prochainement.
Comment cela affectera-t-il les supporters ?
Les supporters du monde entier ne pourront pas regarder leurs idoles en direct à la télévision. L'intérêt pour le football africain, qui a attiré de plus en plus d'attention ces dernières années, s'en ressentira.
Comment les contrats de la Caf sont-ils par rapport aux autres dans le monde ?
Le contrat de la Caf avec beIN est une exclusivité : un seul grand diffuseur détient les droits pour tous les grands tournois. La plupart des confédérations mondiales autorisent la concurrence entre les diffuseurs, chacun se voyant attribuer une partie d'un tournoi. Par exemple, en Europe, les droits de la Ligue des champions sont répartis entre différents radiodiffuseurs. Dans d'autres cas, les différents tournois de la région sont attribués à des diffuseurs différents.
L'approche de la Caf consistant à distribuer un seul contrat d'exclusivité a été au cœur de la contestation juridique de l'Autorité égyptienne de la concurrence en 2019 concernant le contrat de droits médiatiques de la Caf avec Lagardère. En conséquence, la Caf a annulé le contrat d'un milliard de dollars avec la société française, citant le manque de concurrence comme l'une des raisons. Un sous-traitant, SuperSport, s'est également retiré du contrat, laissant la majeure partie de l'Afrique dans l'incapacité d'accéder aux matchs continentaux importants à la télévision. Le retrait de la Caf de l'accord avec Lagardère aurait coûté 50 millions de dollars.
Que s'est-il passé dans cette dernière affaire ?
La CAF invoque une rupture de contrat, y compris une prétendue dette impayée de 80 millions de dollars de la part de beIN.
Mais beIN menace de traduire la CAF devant les tribunaux. Il soutient que la Caf a pris la décision de résilier le contrat en violation de ses propres procédures internes.
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La société estime qu'elle a droit à 80 millions de dollars qu'elle s'abstient de payer à la Caf, arguant qu'elle a souffert de l'impact de la Can qui a été reportée deux fois au dernier moment - d'abord à cause du COVID-19 et ensuite à cause de la météo - et que la Caf a jusqu'à présent rejeté la réévaluation de la valeur du contrat. (Dans des situations similaires dans d'autres confédérations, les accords ont été réévalués - par exemple, Sky Sports a reçuune remise de 213,5 millions de dollars de la part de la Premier League anglaise en raison des perturbations causées par le COVID).
BeIN affirme également que l'annonce par la Caf d'un nouveau tournoi de clubs Super Ligue africaine en 2022 a conduit à une sous-évaluation de l'accord.
Les ruptures de contrats de ce type sont-elles inhabituelles dans le monde du football ?
Non. La Confédération asiatique de football a annulé les droits médiatiques accordés à Eleven Sports pour la restructuration de ses activités en Asie. La confédération a également résilié un accord avec la société chinoise LeSports pour avoir pris du retard dans ses paiements. En 2020, la Confédération sud-américaine de football a poursuivi TV Globo pour 120 millions de dollars en raison de redevances impayées.
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Mais les deux résiliations de contrat de la Caf sont fondées sur des raisons différentes : une violation des lois sur la concurrence et un différend sur la valeur du contrat.
Comment la Caf devrait-elle modifier sa façon de gérer les droits de télévision ?
La Caf doit maintenant chercher à négocier de nouveaux contrats similaires à ceux négociés par d'autres confédérations. Par exemple, il pourrait y avoir des diffuseurs distincts pour chacune des compétitions de haut niveau du continent, y compris la nouvelle Super Ligue africaine.
Les nouveaux accords devraient éviter les clauses de monopole qui affectent radicalement la couverture de tous les matchs continentaux en cas de désaccord ou de renégociation des contrats.
Chuka Onwumechili does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.
This article was originally published on The Conversation. Read the original article.